Historique

Le bâtiment

La tête du puits de mine des Rondez (Dô Vie) a été construite en 1917. Le bâtiment occupe une surface de 27 x 10 m et l'imposante charpente s'élève à 17 m de haut. Des séparations intérieures agencent des locaux qui servaient de vestiaire aux mineurs, de WC, de forge, de silo pour le stockage du minerai et de local pour le transformateur électrique. La partie principale du volume est réservée à la machinerie.

Le puits a servi d'accès aux mineurs qui, de là, pouvaient construire des galeries horizontales et remonter le minerai. Au puits Rondez on atteint le minerai à 60 mètres sous la surface du sol. Les conditions de travail étaient d’une pénibilité difficilement imaginable.

Le puits Rondez fut productif dès 1917, mais le rendement à cet endroit ne répondit pas aux attentes. En 1926 toute la production minière de la vallée de Delémont cessa. Le puits Rondez fut abandonné, la machinerie démontée, et le bâtiment servit de hangar pour l'équipe des pompiers de von Roll.  

La dalle qui recouvrait le puits a été enlevée lors des travaux de déplacement. Seul le cadre en béton qui marquait le début du puits a pu être visualisé. Il mesure 2m80 x 0.9m. Le reste du puits est rebouché, donc n'est pas accessible. Les galeries horizontales, à 60m de profondeur sont probablement inondées par l'eau provenant de la nappe phréatique. Un marquage au sol rappelle l'emplacement du puits à sa position initiale. Il est situé sur le parking du magasin Landi.

La tête du puits de mine est le dernier vestige architectural de l’exploitation minière dans la vallée de Delémont. C’est aussi la dernière construction de ce type en Suisse. La tête du puits de mine des Rondez constitue dès lors une mémoire bâtie inestimable.

Sa sauvegarde

Avec une assise de 27x10 mètres et une remarquable charpente qui culmine à 17 mètres de hauteur, la tête du puits de mine a une valeur symbolique importante pour le Jura et ses industries.

Le projet de construction d’une nouvelle surface commerciale mettait en danger la tête du puits de mine. Cinq associations, convaincues de sa valeur patrimoniale et de la nécessité de préserver ce témoin, ont fait opposition à sa démolition en 2012. Un accord a pu être trouvé en séance de conciliation, moyennant son déplacement de 55 mètres. Celui-ci a été effectué par une entreprise spécialisée en juin 2014 et entièrement financé par le propriétaire du terrain.

Photo : Julien Brahier, 9 juin 2014, www.sigeom.ch

Cet arrangement a ainsi permis de sauvegarder le bâtiment et d’améliorer sa visibilité comme carte de visite d’entrée à Delémont. Sa silhouette typique à l’accès sud-est de la ville ne peut ainsi échapper aux passants.

L’Association de la tête du puits de mine (ATPM) a été constituée en 2013 pour pouvoir assurer la conservation et la mise en valeur du bâtiment.

La tête du puits de mine sera inscrite à l’inventaire des monuments historiques protégés sitôt les travaux de réhabilitation terminés.

Plusieurs vidéos ou articles relatifs au déplacement se trouvent sur la page "presse".

Histoire des mines

Le minerai de fer a été exploité avec succès dans la région : à Séprais, puis à Courroux-Courcelon et finalement sur la commune de Delémont. Ce minerai est composé d'oxydes de fer qu'il faut réduire dans un haut-fourneau pour le rendre utilisable dans la forge et l'industrie.


Les haut-fourneaux furent successivement supprimés et seul celui de Choindez resta en fonction. En 1910 von Roll le remplaça par un nouveau d'une capacité cinq fois supérieure. Il était nécessaire de l’approvisionner par une quantité bien plus importante de minerai. Seuls deux puits étaient encore en activité à Delémont : l'un à la Croisée et l'autre à la Blancherie. Le puits Croisée était en plus à la limite de l'exploitation et il dut bientôt être abandonné. Il était situé dans les terres entre la route de Courrendlin et la route de Courroux. D'autre part sur l'emplacement de l'usine des Rondez des puits avaient été exploités avec succès 50 ans auparavant. On décida donc de creuser un nouveau puits entre les deux sites, au nord de la route de Courroux, au lieu-dit Dos Vie. Deux permis de construire furent délivrés en 1917 et 1918. C'est là qu'on voit encore actuellement le bâtiment qui abritait les installations d'exploitation de la mine.


Le minerai se trouve en poches ou filons sous l'épaisse couche d'argile, à la limite du calcaire. Il est donc nécessaire de creuser un puits pour atteindre cette profondeur. Le puits servira d'accès aux mineurs qui, de là, pourront construire des galeries horizontales et remonter le minerai. Au puits Rondez on atteint le minerai à 60 mètres sous la surface, alors qu'aux Prés Roses on devra creuser plus de 130 mètres.


Pour protéger l'accès au puits et la machinerie un bâtiment fut érigé : il occupe une surface de 27 x 10 m et l'imposante charpente s'élève à 17 m de haut. Des séparations intérieures agencent des locaux pour le vestiaire des mineurs, les WC, une forge, un silo pour le stockage du minerai et le local du transformateur électrique. La partie principale du volume est réservée à la machinerie.


L'élévateur ou ascenseur était actionné par un treuil mu par un moteur électrique et contrôlé par un opérateur. Les personnes et le matériel étaient descendus et remontés dans les cuveaux, grosses bennes en fer actionnées par deux câbles qui étaient enroulés inversement l'un de l'autre sur un gros tambour cylindrique. Lorsqu'une benne descendait par l'une des ouvertures, l'autre remontait par la seconde. Un compresseur envoyait de l'air frais jusqu'au fond des galeries pour garantir la circulation de l'air permettant la respiration des mineurs mais aussi l'alimentation des marteaux-piqueurs. Au fonds, une pompe électrique refoulait l'eau de ruissellement, provenant de la nappe phréatique, qui envahissait la mine.


Les mineurs passaient leur journée dans la nuit et l'humidité des galeries. Ils venaient en grande majorité du Val Terbi à pied ou à vélo. A cette époque on dénombrait une trentaine de mineurs pour les puits Rondez et Blancherie. Chaque mineur possédait son pic et sa lampe à carbure. Les galeries étaient consolidées par un étayage de bois. Ceci n'empêchait pas tout effondrement ; en 1922 Gustave Marquis, de Mervelier, fut à moitié enseveli sous terre au puits Rondez.


Le puits Rondez fut productif dès 1917, mais le rendement à cet endroit ne répondit pas aux attentes. Von Roll creusa un nouveau puis aux Prés Roses. En 1926 toute la production minière de la vallée de Delémont cessa, car elle ne pouvait résister à la concurrence étrangère. Le puits Rondez fut abandonné, la machinerie démontée, et le bâtiment servit de hangar pour l'équipe des pompiers de von Roll.  La production minière locale reprit temporairement, de 1942 à 1945, aux Prés Roses et Blancherie, à cause de la pénurie due à la guerre.


D’après un texte de François Rais

Des renseignements complémentaires peuvent être obtenus sur le site du groupe d’archéologie du fer du Jura. lien :  https://www.cgaeb-jura.ch/fer/

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